dimanche 10 janvier 2021

Premier et deuxième vin?

 

Encore un caviste qui usurpe l’identité de notre premier vin, la cuvée Reine, pour vendre notre deuxième vin. Faites attention aux arnaques. Le vin vendu doit avoir la même étiquette que le vin présenté sur internet. Si ce n’est pas le cas c’est une fraude.


Depuis plusieurs années je vous parle de ces problèmes de premiers vins et de deuxièmes vins.

Au château de Roquebrune, notre premier vin s’appelle Château de Roquebrune, cuvée Reine ou A Claude pour le 2015. Ce premier vin est obtenu par assemblage de tout ou partie de nos meilleures cuves. C’est une opération délicate menée avec notre œnologue, où nous choisissons le meilleur de nos meilleures cuves. Ce peut être 10% de la cuve A, 45% de la cuve C et 45% de la cuve D. Le reste de ces cuves et des cuves non sélectionnées va constituer notre second vin que nous allons vendre sous notre nom de château au négociant. Cet assemblage même s’il est de qualité car élaboré à partir des raisins que nous produisons, est moins intéressant que celui de notre premier vin, car obtenu avec des proportions de cuves que nous ne maitrisons pas, puisque c’est le reste des cuves sélectionnées pour le premier vin.

Alors pourquoi l’appeler château de Roquebrune ? C’est la loi de 1983, qui n’autorise l’utilisation d’un deuxième nom de château, que si ce deuxième nom existait avant 1983. Même si nous produisons du vin depuis le début du 20ieme siècle, nous n’avons pas de deuxième nom de château puisque nous n’en avions pas besoin ; notre vin étant vendu en totalité au négoce. Donc la différence va se faire sur le nom de la cuvée. Notre négoce va vendre un château de Roquebrune avec un autre nom de cuvée et une autre étiquette.

Contractuellement notre négoce ne doit vendre notre deuxième vin qu’à la restauration et pas par internet, pour éviter que nous nous trouvions sur les mêmes circuits de distribution. C’est ce qu’il ne fait pas. Ou plutôt c’est ce qu’il ne contrôle pas. Maintenant c’est aussi au client de contrôler ce qu’on lui vend. Sur la capsule du récoltant va figurer le mot « Récoltant » et l’étiquette ne vas pas être la même. En plus sur cette étiquette il devra figurer le nom du metteur en bouteille. C’est souvent écrit en très petits caractères.


Mais comment font-ils pour vendre notre vin moins cher que vous ?

Déjà ils font des économies d’échelle. Je paie la bouteille 41cts, ils la paient 7cts. Je paie l’étiquette 50cts, ils la paient 14cts. Ils font des économies sur les cartons. Leurs cartons n’ont pas d’intercalaires, les bouteilles se frottent les unes aux autres, encore 30cts/bt d’écart.

Les frais de filtration, les frais de mise représentent encore 2€/bt. Il faut savoir que c’est nous qui surveillons leur mise en bouteilles gratuitement. En 20ans, je n’ai jamais rencontré mon négociant sur la ligne de mise en bouteille.

Ils font des économies sur la qualité des bouchons. Je choisis les bouchons naturels les plus chers, ils choisissent les moins chers, encore un écart de 40cts.

Pour le bouchon je ne dis rien. Car nous connaissons au niveau mondial une pénurie de bouchons naturels. Sachant qu’il faut 49 ans pour qu’un chêne produise ses premiers bouchons, nous ne sommes pas prêts à résorber la pénurie.

Je choisis les bouchons les plus chers car notre vin peut se conserver plus de 20 ans. Alors que le vin vendu en grande distribution ou en restaurant sera bu rapidement.

Ils font des économies sur les frais de transport. L’envoie de 24bts par transporteur c’est 36€TTC, soit 1,5€/bt. L’envoie de 600bts c’est 0.5€/bt. Dans ce cas c’est vous qui payez le transport en venant chercher la bouteille.

Mais il me manque toujours 2€/bt d’écart à justifier. J’ai mis du temps à réaliser que c’était moi qui payais leurs frais marketing.

Je présente mes vins aux journalistes et aux critiques. J’envoie mes échantillons dans le monde entier. Je présente mes vins aux concours. Tout ceci représente des frais très importants. D’où l’intérêt du négoce d’entretenir la confusion entre leurs vins et nos premiers vins et de se servir de mon marketing. Quoi de plus facile en utilisant sur internet des robots qui recherchent mes publications.

Je ne vends mon vin que chez quelques cavistes, qui connaissent mon travail et qui le respectent. Ils connaissent très bien les vins qu’ils vendent et sont d’excellent conseil pour associer les vins à votre cuisine et vos goûts. Evidement ils vendent mon vin le même prix que moi.

Donc continuez à acheter vos vins en direct, vous serez sûrs de leur provenance.